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René Gouichoux, auteur jeunesse
17 janvier 2020

L'avis de Ricochet concernant ''Un monde''

Merci à danielle Bertrand pour son avis sur Ricochet( https://www.ricochet-jeunes.org/livres/un-monde) concernant

Un monde
Album
à partir de 5 ans
Octobre 2018
 : 9782278091522
15.00
 
euros

L'avis de Ricochet

Un monde dit le titre, et le singulier est vraiment notable. Pourtant, CE monde, qui se trouve au milieu d'un vaste et beau noir, est visiblement coupé en deux par un traitillé blanc : la couleur bleue à gauche, la couleur verte à droite. 

Cette partition, associée aux expressions « être vert de rage » et « avoir une peur bleue », crée une fable grinçante où René Gouichoux et Rémi Saillard, complices, conjuguent leurs talents. 

L’histoire est construite comme une genèse : « Il était un monde… » fait de nuages. Dans la rondeur de son apparition, il flotte.

Cela se complexifie immédiatement puisque « CE monde était bleu, tout bleu. Enfin... de ce côté-ci. Parce que de l’autre côté, tout était vert. Totalement vert ». Le narrateur nous alerte. L’unité de CE monde est contredite par le jeu des mots. Il est impossible d’être à la fois tout bleu et tout vert et l’illustrateur nous laisse percevoir le problème : dans deux rabats blancs qui élargissent la vision et sortent le livre de son cadre restreint, deux petits cercles, tels des lunettes de jumelles, découpent un œil bleu et un œil vert. En soulevant les rabats, deux mondes juxtaposés se déploient, l’un bleu, l’un vert. Ils se ressemblent considérablement : palmiers exubérants, bâtiments imposants, chemins sinueux, présences (humaine ou animale) discrètes, heureuses dans l’ignorance réciproque des uns et des autres.

On ne sait pas ce qui précipite la « catastrophe », la découverte. Selon les codes du dessin d’humour, le choc s’exprime par un énorme point d’interrogation bleu et, en écho, un énorme point d’interrogation vert, découpés dans les rabats. En soulevant les rabats, on voit le sauve-qui-peut généralisé qui éloigne les humains affolés, symétriquement horrifiés.

Le récit est fait d’ellipses. La révélation assumée, il faut en tirer les conséquences. « Ce qui devait arriver arriva », une guerre ubuesque démontrée par des « engins bizarres » et « des murs, des palissades ». L’enchaînement des effets et des causes terrifie jusqu’au noir total. Optimisme ou non, c’est la nature qui donne la solution. Grâce au chant des oiseaux, les personnages trouvent le bon sens, celui de l’histoire des Bleus ET des Verts, accueillir l’autre, vivre ensemble. Jusqu'au jour où, dans le noir, flotte un petit monde bleu et vert, dans une fusée s’envolent un petit Bleu et un petit Vert, souriants ?!

Le thème n’est pas nouveau, mais la mise en œuvre qui utilise très adroitement ce qui est caché/montré, raconté/sous-entendu, en jeux de miroir dans le texte comme dans l’image construit une fable douce-amère qui prolonge l’intérêt de cet album bien au-delà du jeune public auquel il s’adresse.

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Commentaires
R
merci .
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